Entre le bureau, l’école, le logement, nous passons plus de 80% de notre temps à l’intérieur des bâtiments. On ne le sait pas toujours, mais la qualité de l’air intérieur est souvent bien plus dégradée que l’air extérieur. Un véritable enjeu pour les années à venir.
Cinq à dix fois plus pollué que l’air extérieur, selon les experts. Notre logement compte souvent des polluants par dizaines. En 2015, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) s’était intéressée aux produits d’ameublement et de décoration. Résultats, 661 substances recensées dont 31 particulièrement nocives, classées CMR (cancérogène, mutagène et reprotoxique).
20 milliards d’euros !
Longtemps occultée par la pollution extérieure,la qualité de l’air intérieur fait son nid, petit à petit. Maux de tête à répétition, excès de fatigue, asthme et autres allergies… les professionnels de santé recherchent de plus en plus une explication à ces différents symptômes directement dans l’environnement du patient.
La qualité de l’air intérieur devient ainsi une véritable question de santé publique. En 2014, l’Anses et le CSTB s’étaient livrés à un exercice pour estimer le coût de la mauvaise qualité de l’air intérieur. Les chiffres sont astronomiques : celle-ci représenterait un surcoût de quelque 20 milliards d’euros en France chaque année, avec près de 20 000 décès prématurés !
L’ère de la qualité de l’air intérieur
Et plus on renforce l’isolation thermique des logements, plus les logements deviennent perméables à l’air, plus la qualité de l’air intérieur a des chances de se détériorer. Mécanique. D’autant que les systèmes de ventilation ne sont pas toujours correctement dimensionnés. Pour y remédier, l’Anses préconisait d’ailleurs dans un rapport publié en 2016, de coupler un diagnostic ventilation au DPE lors des transactions immobilières.
Ces dernières années, on a cependant vu émerger une réglementation. Depuis janvier 2018, maternelles, primaires et autres établissements de la petite enfance doivent réaliser un contrôle périodique ou s’engager dans une démarche vertueuse de surveillance de la qualité de l’air intérieur. Par étapes, en 2020 puis en 2023, ces exigences seront déclinées au cours des prochaines années à d’autres établissements : maisons de retraite, hôpitaux…
Bonnes pratiques
Pour le logement, en revanche, la réglementation reste muette. Tout reste basé sur la sensibilisation, et le rappel de bonnes pratiques. Comment améliorer la qualité de l’air chez soi ? Les experts fourmillent de bons conseils : aérer son logement au quotidien, veiller au bon fonctionnement de la VMC, éviter de fumer chez soi, utiliser la hotte lors de la cuisson, etc. L’Observatoire de la qualité de l’air intérieur a regroupé quelques-uns de ces conseils essentiels dans un guide des bons gestes à destination des particuliers.
Aucun diagnostic réglementaire de la qualité de l’air dans le logement à ce jour, mais les diagnostics immobiliers fournissent tout de même de précieux renseignements. Un diagnostic termites ou un état parasitaire peut alerter sur la présence d’humidité source de champignons nuisibles pour la qualité de l’air. Un diagnostic gaz renseigne sur la ventilation, un état des risques sur l’existence d’un risque radon… Autant d’indications qui peuvent ainsi mettre la puce à l’oreille.
12 Avril 2019